Vienne Condrieu Agglomération : “Quand les services vélo existent, ils génèrent un engouement”

La première opportunité s'est présentée avec un rez-de-chaussée inoccupé dans une rue commerçante, au sein d'un immeuble appartenant au bailleur social de la ville. L'agglomération est devenue locataire et a développé une consigne à vélos pouvant accueillir environ 28 vélos.

L'accès se fait via la carte de transport, et seuls les abonnés peuvent y accéder. Chaque abonné dispose d'une place attribuée et numérotée pour toute l'année, avec la possibilité de verrouiller son rack à vélo lorsqu'il ne l'occupe pas.

Le niveau de service est relativement élevé : contrôle d'accès, vidéosurveillance, alarme anti-intrusion, casiers individuels pour les effets personnels et une petite station de réparation avec outils et pompe à disposition.

La première consigne a été ouverte en 2016. Aujourd'hui, nous disposons de trois consignes en centre-ville : la première que je viens d’évoquer et deux autres d'environ 35 places chacune. Nous avons également une consigne dédiée aux agents de la collectivité.

Quel est le coût de ce service pour les usagers et quel est son taux d'occupation ?

Le service est proposé à 36 euros par an. Le taux d'occupation est de 100 % et nous avons près d'une centaine de personnes sur liste d'attente.

Le succès s'explique par un tarif attractif et un niveau de qualité de service élevé. Ces équipements représentent certes un coût d'investissement important (achat du foncier, travaux, systèmes de contrôle et de sécurité), mais ils répondent parfaitement aux besoins des usagers.

Avez-vous des projets de développement de ce service ?

Nous avons récemment acheté un ancien restaurant d'environ 100 m² dans une rue commerçante. Nous y développons un projet de consigne de 50 places. Nous restons également en veille pour d'autres opportunités de locaux.

Avez-vous sollicité des financements auprès du programme Alvéole Plus ?

Nous avons fait une demande de financement auprès d'Alvéole Plus pour cette nouvelle consigne. La demande est actuellement en cours.

L'attribution d'aides comme celles proposées par Alvéole Plus est essentielle pour concrétiser nos projets. Lorsque nous élaborons un projet, nous cherchons systématiquement quelles aides peuvent être obtenues, et un bon niveau de subventions facilite considérablement la réalisation. Sans ces soutiens financiers, la concrétisation de certains projets serait plus incertaine.

Pouvez-vous nous parler des box à vélo individuels ?

Nous proposons environ 80 à 90 places en box individuels. Comme pour les consignes, les usagers signent un contrat de location avec l'agglomération. Les box sont sécurisés par une clé et généralement situés au niveau des parkings en ouvrage de la ville, bénéficiant souvent de la vidéosurveillance.

Nous constatons très peu de dégradations ou d'infractions tant dans les consignes collectives que dans les box.

Ces deux types de stationnement répondent-ils aux mêmes besoins ?

Une partie des box est située au parking en ouvrage à proximité de la gare de Vienne, répondant ainsi à un enjeu d'intermodalité. C'est l'emplacement le plus demandé. Ces box sont utilisés dans une logique d’intermodalité.

Pendant longtemps, les demandes étaient formulées pour des emplacements précis. Aujourd'hui, face à la tension sur les places de stationnement, les personnes sont prêtes à accepter n'importe quel emplacement dans Vienne et à marcher 100 à 200 mètres depuis leur domicile pour bénéficier de ce service.

Une aire de stationnement a également été déployée sur la ViaRhôna ?

Cette aire a été réalisée dans le cadre d'un projet piloté par la région Auvergne-Rhône-Alpes, appelé “Véloroute du Futur”. La Région souhaitait faire d'un tronçon de la ViaRhôna sur notre territoire une vitrine de cette véloroute. L'objectif était d'y mettre en place des expérimentations.

L'aire a été équipée grâce à des financements de la Région : une aire de pique-nique, des toilettes sèches, des stationnements avec recharge de batterie possible, de l'outillage en libre-service, un point d'eau et la possibilité de stationner son vélo pour se rendre à Condrieu. Un travail particulier a été fait sur le design et l'insertion paysagère, puisque l'aire est située quasiment les pieds dans l'eau du Rhône, offrant un point de vue remarquable.

Cette aire est bien connue et très fréquentée par les cyclotouristes.

Comment cette stratégie de stationnement s’inscrit dans votre politique cyclable ?

Notre politique cyclable se décline sur deux volets principaux : les services et les infrastructures.

Sur le volet services, nous avons développé depuis les années 2010 un système de mise à disposition de vélos pour les employeurs publics et privés. Aujourd'hui, 70 vélos (vélos à assistance électrique, vélos pliants, vélos mécaniques, VTC, vélos cargos) sont déployés auprès des entreprises pour remplacer les véhicules de flotte sur les trajets professionnels des salariés.

Nous lançons également un nouveau service de location longue durée de vélos aux particuliers, pour leur permettre de tester le VAE avant d'investir. Une aide à l'achat de 150 euros est aussi proposée pour l'acquisition d'un vélo à assistance électrique.

Sur le volet infrastructures, nous avons adopté un schéma directeur vélo début 2024. Actuellement, nous disposons d'une quarantaine de kilomètres d'aménagements cyclables, ce qui reste insuffisant. Nous travaillons donc au développement de nouveaux itinéraires à fort potentiel de report modal.

Quelles sont vos perspectives en matière de stationnement vélo ?

Outre le développement de nouvelles consignes, nous travaillons sur le déploiement d'arceaux vélos sur le domaine public, un élément très important pour les cyclistes. Il y a une forte demande d'arceaux près des pôles générateurs de déplacements : équipements publics, centres médicaux, commerces, centre-ville.

Nous souhaitons aussi expérimenter des consignes sécurisées de courte durée, pour permettre le stationnement d'une heure environ, notamment pour faire ses courses à Vienne. C'est une offre que nous n'avons pas actuellement et qui répondrait à un besoin.

Enfin, nous avons des projets de parkings-relais un peu excentrés du centre-ville pour faciliter le rabattement vers les lignes de transport en commun ou les gares SNCF, avec du stationnement sécurisé pour les cyclistes sous forme de box.

À noter que la SNCF a installé des box fermés individuels en libre accès à la gare de Vienne, qui commencent à trouver leur public, confirmant le besoin d'intermodalité, particulièrement au niveau de la gare.

Quel bilan tirez-vous de cette politique de stationnement vélo ?

Notre offre de stationnement sécurisé en consigne ou en box est un service dont la collectivité est assez fière. Ce type de service n'existe pas forcément dans les petites villes comme la nôtre.

Nous constatons que dans les villes où ce service n'existe pas, on pourrait penser qu'il n'y a pas de besoin. Mais notre expérience montre que lorsque le service existe, il génère un engouement et une attractivité qui justifient l'investissement. C'est un cercle vertueux dont nous sommes pleinement acteurs.

Cette approche permet aussi de réutiliser des locaux commerciaux vacants en centre-ville. Même si le centre-ville de Vienne bénéficie d'une bonne dynamique commerciale pour une ville moyenne, nous avons ponctuellement des locaux vacants. Les consignes à vélos constituent un bon levier pour occuper ces espaces tout en répondant à un vrai besoin de mobilité.