Les aménagements cyclables sont-ils bénéfiques pour le commerce local ? C'est la question que se posent régulièrement commerçants et élus lors de projets de réaménagement urbain. Les études sur le sujet apportent une réponse claire : oui, le vélo est bon pour le commerce de proximité.
Publié le 13 janvier 2025Crédit photo : Photo Cycling
Dès 2003, la Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUBicy, aujourd'hui devenue la FUB et porteuse du programme Alvéole Plus) avait identifié une tendance qui se vérifie encore aujourd'hui : les cyclistes sont de précieux clients pour les commerces de proximité. Dans son étude intitulée "Piétons et cyclistes dynamisent les commerces de centre-ville et de proximité" menée avec l’Ademe, elle montrait déjà qu'un cycliste dépensait en moyenne 24,4 € par semaine, contre 21,7 € pour un automobiliste. Cette différence s'explique notamment par la fréquence plus élevée des visites des cyclistes dans les commerces.
Une étude récente menée en 2019 par Chloé Cabaret pour le compte de Bordeaux Métropole pointe que les cyclistes dépensent en moyenne 12% de plus que les automobilistes dans les commerces de centre-ville à Bordeaux. Et leur panier moyen est 21% plus élevé que celui des autres consommateurs (lire l’article “Bordeaux : quand le vélo dope l’économie locale” paru dans le quotidien Sud Ouest).
Aux États-Unis, une synthèse de 32 études publiée en 2024 par Business Insider confirme largement ce constat. Les résultats sont particulièrement probants à New York, où les zones ayant bénéficié d'aménagements cyclables ont vu leurs ventes augmenter de 9 à 84 points de pourcentage selon les quartiers par rapport au reste de leur arrondissement. À Seattle, dans un quartier commerçant où 12 places de stationnement voiture ont été remplacées par une piste cyclable, les ventes ont même quadruplé. L'enquête révèle aussi que les commerçants surestiment systématiquement la part de leur clientèle motorisée. À Los Angeles, ville réputée pour sa culture automobile, plus de 50% des commerçants pensaient que leurs clients venaient majoritairement en voiture. La réalité ? Seuls 15% utilisaient ce mode de transport.
L'un des principaux avantages du vélo pour les commerces réside dans l'optimisation de l'espace : une place de stationnement automobile peut accueillir jusqu'à 10 vélos, soit potentiellement 10 clients. La suppression de places de stationnement voiture au profit d'aménagements cyclables présente d'autres atouts : elle libère de l'espace pour les terrasses et l'animation commerciale, tout en améliorant la visibilité des vitrines auparavant masquées par les véhicules.
Sur le terrain, les associations se mobilisent pour améliorer l'accueil des cyclistes dans les commerces. À Poitiers, l'association Vélotaf a créé un classement des enseignes "cyclistes-friendly", valorisant les magasins proposant des équipements adaptés. À Nevers, l'association ZigZag mène un travail de fond auprès des commerces pour les inciter à s'équiper en stationnements vélos. Une démarche qui porte ses fruits : deux tiers des 100 sites visités par l'association sont désormais équipés.
Si certains commerçants craignent encore que la réduction des places de stationnement automobile nuise à leur activité, les études démontrent le contraire. Les succès des initiatives locales comme celles de Poitiers et Nevers montrent qu'une transition vers des aménagements plus cyclables est non seulement possible mais bénéfique pour le commerce.
Favoriser le vélo ne se résume pas à une question environnementale : c'est aussi un choix économiquement pertinent pour dynamiser le commerce local. En créant des environnements urbains plus agréables, propices à la flânerie et au shopping, les aménagements cyclables participent à la revitalisation des centres-villes et au développement des commerces de proximité.
Pour accompagner le plan vélo de la ville de Nogent-le-Rotrou, Nogent-Perche Habitat a installé un abri vélo sécurisé pour ses locataires. Un an après son installation, Marion Decraemere, directrice générale de cet office public de l'habitat, dresse un bilan positif de cet aménagement qui répond aux besoins des habitant·es.
Jusqu’au 2 juin 2025, la FUB (Fédération française des Usagères et Usagers de la Bicyclette), qui porte le programme Alvéole Plus, organise la 4e édition du Baromètre vélo. Cette grande enquête citoyenne invite cyclistes comme non-cyclistes à évaluer la cyclabilité de leur commune. Cette édition prend une importance particulière à l’approche des élections municipales de 2026 : ses résultats permettront d’orienter les politiques cyclables locales et de mettre en lumière les besoins en infrastructures, notamment en matière de stationnement sécurisé.
Face aux besoins grandissants de stationnement vélo sécurisé, les huches à pain et petites consignes individuelles se multiplient dans l'espace public. Répondent-elles à un vrai besoin et pour quels usages sont-elles pertinentes ? Quels sont leurs atouts et leurs limites ? Célia Corneil, consultante associée du bureau d'études Kandeel, et Orianne Vales, consultante mobilité chez Scet, livrent leur éclairage.