« Rendre le vélo plus accessible pour les besoins du quotidien »

Crédit photo : ©Association Bee-cycle / La Ruche à vélos

Pourquoi avez-vous fait appel au programme Alvéole Plus ?

Guy Frénéhard : un des objectifs de notre politique est de diminuer la part des voitures, même si, à Argentan, il n’y a pas de problème d’embouteillages ou de stationnement. En l'absence de contraintes, tout le monde utilise sa voiture. Nous souhaitons encourager l'usage du vélo. Cependant, nous constatons qu'il reste peu pratiqué par certaines catégories sociales, notamment par les personnes résidant dans des habitats verticaux type HLM, où il est souvent difficile de stationner les vélos.

Édouard Lemaire : en lien avec le schéma directeur vélo, nous avons lancé une démarche de concertation auprès des habitants, en leur transmettant un questionnaire. Ce diagnostic concerté a fait ressortir une demande récurrente de stationnements sécurisés, notamment dans les quartiers politique de la ville. Les bailleurs sociaux ont émis le souhait de disposer de stationnements en extérieur, car il n’était pas possible de créer de stationnement dans les sous-sols, faute d’espace et par crainte que ces parkings ne soient pas utilisés. La découverte du dispositif Alvéole Plus a été pour nous une opportunité pour répondre à ce besoin de création de stationnements.

Comment avez-vous déployé ces stationnements ?

Édouard Lemaire : nous avons mis en place deux projets de stationnements en partenariat avec les bailleurs sociaux Orne Habitat et Logissia, qui ont financé une partie des travaux via l’abattement sur la taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB) dont ils bénéficient pour les logements situés en quartier prioritaire de la politique de la ville. Le dispositif Alvéole Plus a facilité la procédure d'appel d'offres, avec un cahier des charges clair qui correspondait à nos attentes en termes de sécurisation et la possibilité de disposer de plusieurs propositions chiffrées d’acteurs du secteur. Cela nous a permis de mettre rapidement en œuvre ces projets. Sans Alvéole Plus, nous aurions peut-être déployé quand même ces stationnements mais nous n’aurions pas pu aller aussi vite et y mettre la même ambition.

Ces deux espaces de stationnement incluent une station d’auto-réparation avec huit places et des outils disponibles sur place, ainsi que des box sécurisés individuels pour les vélos.

En complément de ces stationnements, vous avez également prévu des ateliers d'auto-réparation pour les habitant•es. Pouvez-vous en parler ?

Édouard Lemaire : l'objectif principal de ces ateliers est d'accompagner les habitant•es dans la prise en main des stations de stationnement et de lever les freins à l'utilisation du vélo. Ces sessions permettront aux habitant•es de découvrir toutes les fonctionnalités des stations : que ce soit le système de box sécurisés pour ranger les vélos ou les outils mis à leur disposition pour les réparations de base. Nous avons noué des partenariats avec les associations locales pour pouvoir développer cet accompagnement, notamment La Ruche à vélos de Falaise et Réajis qui crée une ressourcerie à Argentan. Cela rendra l'usage du vélo plus accessible et permettra à chacun•e de se sentir autonome pour les besoins du quotidien.

Guy Frénéhard : beaucoup de vélos dorment dans les caves parce qu'ils ont besoin de petites réparations. Avec ces ateliers, nous voulons permettre aux habitant•es de se réapproprier ces moyens de transport en leur donnant les outils et les connaissances nécessaires pour les remettre en état de marche. C'est un geste important pour encourager la pratique du vélo, notamment dans les quartiers où l'accès à une voiture représente un coût financier important.

Ces ateliers d'auto-réparation s'inscrivent dans une logique plus large de développement du vélo à Argentan, car nous avons déjà mis en place des ateliers similaires avec le FabLab de la médiathèque, et nous souhaitons renforcer ces actions pour rendre la pratique du vélo plus attractive et accessible pour tous et toutes. L'objectif est vraiment de créer une culture du vélo et d'offrir à chacun•e les moyens de l'adopter au quotidien.

Comment ces projets de stationnement s’inscrivent-ils plus largement dans votre politique en faveur de l’usage du vélo au quotidien ?

Guy Frénéhard : la communauté de communes a une politique ambitieuse sur les enjeux environnementaux et de transition écologique. Nous avons d’ailleurs créé un service dédié "Urgence climatique". Celui-ci regroupe cinq personnes travaillant sur différents aspects du développement durable, dont la mobilité, l’économie sociale et solidaire, l’alimentation de proximité, la biodiversité, et la transition énergétique. L’idée derrière ce service est de travailler de manière transversale pour développer des projets concrets sur chaque thématique, afin de rendre le territoire plus résilient et avancer rapidement sur la transition écologique.

En ce qui concerne la mobilité, l’une des premières actions que nous avons mises en place a été l’instauration de zones 30 km/h dans le centre-ville et autour des pôles commerciaux et de loisirs, afin de sécuriser les déplacements des cyclistes et piétons. La politique de stationnement vélo vient renforcer cette démarche : en déployant des arceaux vélos dans des lieux stratégiques (commerces, espaces publics, quartiers résidentiels), nous voulons inciter les habitant•es à utiliser leur vélo pour leurs déplacements quotidiens.

Comment accompagnez-vous les habitant•es dans cette transition vers d’autres modes de transport ?

Guy Frénéhard : notre volonté n’est pas de supprimer complètement la voiture, mais plutôt d'encourager une réduction de son usage, notamment en supprimant la nécessité d’une seconde voiture dans les foyers. C’est pourquoi nous travaillons également à développer des alternatives comme les transports en commun, les transports à la demande, et bien sûr, l'usage du vélo.

Pour inciter les habitant•es à passer aux mobilités actives, il faut d’abord qu’ils aient la possibilité de le faire. Et cela implique non seulement des infrastructures sécurisées, mais aussi une prise de conscience des bénéfices financiers : l’entretien d’un vélo coûte bien moins cher que celui d’une voiture, surtout quand on parle de réduire le nombre de voitures par foyer.

Quels autres leviers mettez-vous en place pour encourager la pratique du vélo ?

Guy Frénéhard : afin de développer l’usage du vélo, nous utilisons également d’autres leviers. Nous avons mis en place le forfait mobilités durables auprès des agents de la collectivité. Nous déployons également le Savoir Rouler à Vélo dans les écoles et centres de loisirs, grâce à nos agents formés spécifiquement pour ces interventions. Par ailleurs, nous souhaitons développer une voie verte pour relier Argentan aux communes voisines, avec pour objectif de favoriser la pratique du vélo sur les trajets domicile-travail ou touristiques.